Un de mes oncles, probablement celui que j'aimais le plus, était un des premiers prêtre ouvrier.
Ces derniers temps, j'ai fait quelques recherches basées sur des choses qu'il m'a raconté de lui. Entre autre, je sais qu'il a participé à la rédaction du « manifeste des 73 » prêtres ouvriers qui défendaient la possibilité de se mêler à la vie ouvrière pour les prêtres (plutôt que de juger de loin, du haut de sa chaire).
J'ai enfin retrouvé le texte en question.
#catholicisme et #luttedesclasses.
Et il a obtenu son entretien. Il faut dire que le cardinal en question était Achille Liénart, le « cardinal rouge ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Achille_Li%C3%A9nart
J'ai envie d'en raconter un peu plus sur le texte ci-dessus, pour par mal de raisons.
Déjà parce-qu'il est vraiment marquant d'une part par son mélange le champs lexicaux chrétiens (paix, pain, foi…) et ouvertement communistes (liberté, camarades, prolétaires, travailleurs, classer, privilèges…), et d'autre part par son potentiel à l'oralité. Essayez de le lire à voix haute. Malgré sa densité politique, on sent qu'il a été fait par des gens qui ont l'habitude de la prise de parole en public.
Mais plus importante encore, c'est la conception, la genèse de ce texte.
Il n'a pas simplement été rédigé par un genre de comité directeur et signé ensuite par d'autres prêtres.
Il a été activement rédigé en commun par tous les prêtres qui l'ont signé.
Chacune des versions de ce texte a fait des allers-retours entre Paris et des comités locaux qui proposaient des modifications, qui étaient prises en compte pour proposer la version suivante jusqu'à ce que le texte soit validé à l'unanimité.
Mon oncle a fait partie de la délégation des trois prêtres à emmener ce texte directement au Vatican, au pape de l'époque.
Ils n'ont pas été reçu… enfin, pas en tant que délégation.
Un seul d'entre eux a pu voir le pape : le Vatican est maître en image et manipulations diplomatiques. Il s'agissait ainsi de ne pas laisser dire qu'ils avaient accepté de discuter avec les prêtres-ouvriers.
Comme on le sait ou comme on peut s'en douter, les prêtres-ouvriers ont néanmoins été interdits.
La plupart de ces prêtres sont rentrés dans le rang… plus ou moins.
Je ne sais pas comment chacun a réagit.
Je sais en revanche que mon oncle a demandé à être envoyé dans une région pauvre et où il n'allait pas prêcher des convaincus.
Il a été envoyé dans un petit village du Vaucluse. La première chose qu'il y a fait ? Aller voir le plombier du village d'air coté pour y bosser… gratos mais en scred.
@parleur Ton thread me fait penser a la serie que je suis en train de regarder en ce moment: Ainsi soient-ils.
(la premiere saison (il y en a 3) basée sur le parcours des seminaristes est la plus intéressante).
Je conseille ;)
@parleur
j'ai eu l'occasion d'échanger avec un prêtre ouvrier. Et je l'avais trouvé très intéressant." Être avec".
Discours de gauche marqué et inattendu !
@parleur
ça me fait penser à un bouquin lu il y a longtemps
"le pape a disparu"
@parleur ah le seul croyant de la famille, il était prêtre ouvrier aussi, au brésil. Il faisait une lettre d'info à Noël.
j'adorai lire ses histoires de théologie de la libération et leurs activités auprès des jeunes mères célibataires ... ce qu'ils faisaient comme éducation populaire, enfin, sa vie quoi ...
Il a finit, en retraite dans le 9.3, il faisait des "bénédictions" sauvages de couples homosexuels... bref, je l'aimai bien
Morceaux choisis.
« Les autorités religieuses imposent aux prêtres ouvriers des conditions telles qu'elles constituent un abandon de leur vie de travailleur et un reniement de la lutte qu'ils mènent solidairement avec leurs camarades. »
Notez l'utilisation du terme « camarade ».